« Haubanage : action de régler ou de consolider les réglages du mât à l’aide des haubans ».
Alors que la définition de haubanage semble intuitive, sa mise en application l’est un peu moins !
Quelques mots sur le réglage du mât !
Le comportement du voilier sur l’eau, l’efficience des manœuvres, la sécurité à bord, etc., tout est une question de réglages. Le mât ne fait pas exception, il est même au « centre du débat ».
Pour respecter la définition de départ, nous nous intéressons avant tout aux haubans : Où sont-ils situés par rapport au mât ? Quel est leur rôle ? Comment fonctionnent-ils ?
Mais attention, sur les voiliers, le réglage du mât se réalise en agissant sur trois points : le réglage latéral, la « quête » et le cintrage du mât, et les haubans seuls ne suffisent pour obtenir un réglage correct. Le bon réglage de la tension de l’étai, du pataras et, des bastaques (gréement fractionné) est essentiel. Chaque cordage appartenant, comme les haubans, aux manœuvres dormantes des voiliers.
Une tension trop importante dans les haubans, un mât trop cintré ou mal « verticalisé » et la voile ne porte pas le bateau au maximum de ses performances. La sécurité à bord de votre voilier est mise en jeu et vous risquez un démâtage ou que le mât se brise !
Les haubans : Où les trouver ? Quel est leur rôle ? Comment l’atteindre ?
Sur un voilier, les haubans sont situés de part et d’autre du mât qu’ils maintiennent dans un plan vertical par rapport au pont en réglant leur tension par l’intermédiaire les ridoirs. Le câble est fixé : d’une part sur le mât, et d’autre part sur le pont du bateau à l’aide d’une cadène frappée d’un ridoir réglable.
Les haubans utilisent les efforts transversaux des voiles et évitent au mât de flamber (se tordre sous l’action des forces qu’il subit).
Les galhaubans maintiennent le mât dans un plan latéral. Ils ont leur point d’ancrage en tête du mât dans un gréement en tête ou au niveau de l’étai dans un gréement fractionné. Ils passent aux extrémités des barres de flèches et sont fixés au pied du mât, contrairement aux haubans et bas-hauban qui sont fixés sur les bords du navire.
Les haubans intermédiaires existent dans les gréements à plusieurs étages de barres de flèches. Ils sont fixés sur le mât en regard des barres de flèches supérieures. Leur réglage devant permettre de maintenir cette zone dans le plant latéral.
Dans le gréement discontinu, leurs extrémités respectives sont fixées aux extrémités des barres de flèches inférieures, alors que dans le gréement continu, ils passent en bout des barres de flèches inférieures pour arriver jusqu’au pont.
Les bas-haubans stabilisent le mât dans le plan longitudinal et détermine sa quête. Ils trouvent leur point de fixation au premier étage des barres de flèches et maintiennent cette zone dans le plan latéral. Ils sont utiles pour éviter le cintrage du mât.
Le réglage du mât et sa vérification en navigation !
Avant le mâtage du voilier, servez-vous des données du plan de gréement édité par le chantier naval.
Les différents réglages de cordage sont effectués au port puis ajustés sur l’eau sous un vent régulier. Note, avec un vent d’environ huit nœuds, le réglage est idéal si le mât est parfaitement droit latéralement.
Le réglage latéral des haubans doit aboutir au centrage du mât par rapport aux bords du voilier. Pour cela, mesurez la longueur de chaque hauban avec la drisse de la grand-voile, de la tête du mât jusqu’aux cadènes. Les longueurs obtenues doivent être identiques et les ridoirs réglés de la même manière sur les deux bords du voilier.
Note : en vous plaçant au pied du mât sur le pont du voilier, vous pouvez contrôler visuellement si le réglage est correct.
Le réglage de la quête du mât influe sur l’équilibre du bateau et sur ses performances. Pour que le mât soit correctement positionné et donne une quête de 1° à 1,5°, la tension des haubans doit être sensiblement égale à celle de l’étai et du pataras. Cette quête maintient le gréement en place lorsque les voiles sont pleines.
Note, la tête d’un mât de 10 à 15 mètres doit se trouver à une vingtaine de centimètres en arrière.
Attention, sur un voilier à deux barres de flèches, la tension des galhaubans doit être légèrement supérieure à celle des haubans intermédiaires afin de prendre en compte l’étirement des haubans et laisser au mât une courbure naturelle.
Enfin, le réglage du cintrage du mât se fait en réglant la tension du bas-étai et celle du pataras.
Faites un test de navigation au près et si besoin, réagissez :
- Le voilier tient son cap et lofe doucement dans les vents favorables : votre réglage est correct.
Prenez des repères pour réitérer ces mesures au prochain haubanage. Notez les valeurs des tensiomètres qui ont mesurés la tension des haubans.
Pour info, la tension d’un hauban représente environ 10% de la charge de rupture et
la tension des galhaubans doit se situer entre 15 et 20% de la charge de rupture. - Le voilier lofe puis se met face au vent, le voilier est ardent : votre réglage est à refaire car le mât est trop en arrière.
- Le voilier abat et s’écarte du lit du vent : votre réglage est à refaire car le mât est trop en avant.
Les haubans, bas-haubans et galhaubans, en quoi sont-ils fabriqués ?
Les haubans sont des câbles habituellement fabriqués en inox mais les « haubans textiles » sont de plus en plus utilisés. Le produit de base qui compose les fibres des câbles pour haubans textiles se diversifie :
- les aramides (polyamides aromatiques) sont résistantes mais sensibles aux UV,
- le PBO (polybezoxyazone) a une densité très élevée mais une résistance à la rupture supérieure à celle des aramides. Sa durée maximum de vie est de deux ans et son prix est très élevé,
- le carbone craint les chocs et devient cassant mais offre une stabilité et une résistance remarquables,
- Le Dyneema® ou HMPE est huit fois plus léger que l’acier inox, il est durable, résiste au ragage et aux UV, montre un rapport poids/résistance favorable mais n’offre qu’une élasticité réduite. Ainsi, le fluage (allongement des fibres sous charge statique sans retour à la normale) bloque l’utilisation « normale » du Dyneema® dans le réglage du gréement dormant des voiliers. Il faut créer un « sur‑échantillonnage » des haubans afin qu’ils restent dans une marge de 20% en-deçà de la charge de rupture, sans jamais atteindre la zone de fluage.