Quelle ingénierie nautique pour acheter un yacht ?

Savoir comment choisir un yacht à l’achat suppose de posséder des notions qui vont au-delà de l’esthétisme ou des dimensions d’un bateau. Un comparateur amateur pourra en effet juger de certains critères selon ses préférences, comme l’aspect extérieur du bateau, la conception de l’aménagement intérieur en termes d’espace et de design, la réputation du chantier, etc. Mais des connaissances en ingénierie nautique ne sont pas inutiles en de pareilles situations. Un comparateur professionnel saura ainsi accompagner l’acheteur et le conseiller dans ses choix, car l’ingénierie nautique occupe une place très importante dans la compréhension du fonctionnement de tous les bateaux, yachts inclus.

Découvrons ce que peut contenir l’ingénierie nautique au sens large, et explorons les clés de compréhension des différents métiers nécessaires à la construction et à l’entretien d’un yacht. C’est en effet en comprenant les choix liés à la construction que l’on peut juger de la valeur technique d’un yacht par rapport à un autre.

La conception d’un bureau d’études

Comme tout bateau construit dans les règles de l’art, un yacht nécessite la réalisation de plans préalables. Des ingénieurs et des dessinateurs vont alors devoir établir un juste compromis entre les désirs des futurs propriétaires et les réalités physiques liées à la construction d’un bateau. De telles formations s’acquièrent dans des écoles, puis l’expérience devient la clé de l’originalité combinée à la performance. C’est pour cette raison que certains chantiers navals réputés dans la construction de yachts (Lürssen, Azimut-Benetti, groupe Feretti, etc.) jouissent d’une notoriété sans pareille. C’est grâce aux yachts déjà réalisés, et donc aux preuves de leurs compétences, qu’ils peuvent désormais prétendre à une expérience majeure sur le marché des yachts de luxe.

Les ingénieurs des bureaux d’étude des constructeurs vont devoir ainsi déterminer :

quelle technique et quels matériaux utiliser pour réaliser la coque du yacht ;
comment assurer la flottabilité de l’ensemble coque, pont, moteurs, et ce, dans les multiples conditions d’utilisation (plaisance et croisière au soleil ou conditions de tempête) ;
l’intégration des éléments de sécurité pour l’équipage à bord ;
la taille du yacht (longueur, largeur, tirant d’eau et tirant d’air, etc.) en fonction des désirs du client et de son budget ;
la motorisation idéale pour le projet.

Cette phase d’étude et d’ingénierie est primordiale. Elle détermine dès le début la réussite du projet pour la durée de vie du yacht.

Les techniques de construction des yachts

Pour les yachts comme pour les bateaux en général, il existe un ensemble de techniques d’ingénierie nautique pour la conception et la construction d’une coque, d’un pont, etc. Bien évidemment, ces techniques répondent à des exigences qui varient selon le yacht à construire et selon les souhaits du client. On pourra simplifier l’approche de ces différentes techniques grâce au prisme des matériaux utilisés.

La fibre composite domine le marché

Dans le monde du nautisme et de la plaisance, les matériaux composites se sont vite fait une place de choix au sein des matériaux privilégiés pour la fabrication des yachts. Pour rappel, les matériaux composites forment un ensemble de matériaux hétérogènes rendus homogènes par catalyse. Par exemple, un yacht fait en matériaux composites possède une coque et un pont constitué de nombreuses couches de tissus (tissu de verre, de carbone, de kevlar, etc.) assemblées entre elles par une résine (polyester, époxy, etc.) qui, une fois séchée (catalyse), permet de rendre l’ensemble rigide et résistant. C’est donc un empilement de matériaux de type tissus qui s’assemblent par collage et imprégnation grâce à une résine.

Les chantiers peuvent utiliser plusieurs techniques d’ingénierie pour construire des yachts avec des matériaux composites (moulage, contre-moulage, moulage inversé, projection, injection, etc.). Les matériaux composites ont envahi le marché de la plaisance et des yachts grâce à leurs caractéristiques (prix, facilité de mise en œuvre, compromis résistance/poids, etc.). Ils sont particulièrement appréciés pour la réalisation de yachts à voile ou à moteur (jusqu’à une certaine taille).

Le métal fait de la résistance

Le métal reste un matériau incontournable dans le monde des bateaux. Généralement destiné à la fabrication des très grands bateaux (porte-conteneurs, cargos, etc.), il est également retenu pour réaliser des yachts ou même des bateaux de plaisance de taille plus modeste. En effet, son prix et surtout ses difficultés de mise en œuvre (chaudronnerie, ferronnerie et soudure) imposent un savoir-faire et une formation spéciale ainsi que de l’outillage imposant et nécessitant beaucoup d’énergie.

Le métal est néanmoins obligatoire pour tout navire au-delà d’une certaine taille et d’un certain déplacement (« poids » d’un bateau représenté par le déplacement de l’eau qu’il produit une fois qu’il flotte sur l’eau). Il faut dire que le métal possède des caractéristiques de souplesse, de déformation et de résilience que les matériaux composites n’ont pas. Certains métaux (comme l’aluminium) ont par ailleurs des qualités de légèreté et d’anticorrosion évidentes pour la construction nautique.

C’est pour ces raisons que tous les grands paquebots, ou yachts de grande taille (Azzam, Eclipse, etc.) sont faits en métal, car leur longueur impose des déformations importantes.

Le bois pour la tradition et l’authenticité

L’ingénierie nautique ne se limite pas qu’aux matériaux composites et au métal. Le bois incarne effectivement des valeurs fortes de la marine. C’est pour cette raison que de somptueux yachts arborent fièrement leurs couleurs chaudes et vernies d’un bois noble structurant l’ensemble.

Faire réaliser un yacht en bois est toutefois un véritable défi, aussi bien en termes de ressources (bois exotiques ou marins rares à trouver) qu’en ce qui concerne les compétences nécessaires (la formation d’un charpentier de marine traditionnel se perd, mais les ingénieurs nautiques capables de penser des yachts en bois sont également de plus en plus rares).

Opter pour un yacht en bois nécessite donc plutôt d’en trouver un qui existe déjà (très souvent des grands voiliers majestueux qui possèdent une histoire forte) et d’en assurer sa maintenance (coûteuse et très exigeante par rapport à celle d’un yacht neuf conçu en matériaux composites de taille équivalente).

L’ingénierie nautique va au-delà

Bien au-delà de la conception, du choix des matériaux et des techniques de fabrication, l’ingénierie nautique pour réaliser un yacht, c’est aussi :

l’ingénierie des systèmes moteurs et mécaniques du yacht (bras hydro-électriques, guindeau d’ancre, enrouleurs pour voiles, etc.) ;
le travail d’étude sur les systèmes de sécurité et d’information (GPS, radars, etc.) ;
l’ajout des équipements de luxe selon la gamme du yacht (piscine, jacuzzi, spa, etc.) ;
etc.

Il serait vain d’étudier en une page l’ensemble des compétences nécessaires en ingénierie pour la fabrication d’un yacht. Le tour d’horizon des différents matériaux et des mises en œuvre permet déjà d’y voir plus clair sur les caractéristiques des différents yachts et de mieux guider le choix de tout futur heureux propriétaire.

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