Un voilier, un mât, une voile, un cordage, une vergue…

Sur un navire, la vergue est un espar dans la famille des agrès : câble, cordage, têtière, poulie ainsi que toutes les voiles.

Sur un voilier, une vergue est une pièce allongée servant à porter une voile. Elle est fabriquée en bois ou tout autre matériau ; elle est appuyée, fixée au mât ou encore articulée (encornat). A l’origine, cette pièce de forme cylindrique est taillée dans du sapin (bois léger). Alors, la vergue est spécifique au gréement carré, soutenant la voile perpendiculairement au mât et devant ce dernier.

Sur un navire au gréement carré, les vergues sont nommées en fonction des voiles qu’elles portent et/ou des mâts auxquels elles sont liées. Ainsi, la « vergue de petit hunier » est fixée au mât de misaine, la « vergue de grand hunier » au grand-mât et la « vergue de perroquet de fougue » au mât d’artimon. Aujourd’hui, ce type de grand vaisseau n’est construit que très rarement.

Aujourd’hui, l’utilisation d’une vergue s’est étendue à tous les types de voiles, et en tenant compte du gréement du navire, il est d’usage qu’elle soit désignée différemment :<ul>
<li>pour une voile à livarde, c’est le balestron,</li>
<li>pour une voile aurique, c’est la corne (ou pic),</li>
<li>pour une voile latine, c’est l’antenne.</li>

</ul>

Quelle est la relation qui unit la voile à sa vergue ?

La relation qui unit la voile à sa vergue est toujours la même, elle lui sert de soutient. Pourtant elle est orientée différemment en fonction du gréement.

La voile aurique à quatre pointes est connue comme voile principale du cotre, du sloop, du brigantin et de la célèbre goélette. Cette voile (brigantine) est enverguée sur une vergue de petite taille, le bord côté mât étant lacé. La voile Houari appartient à la catégorie des voiles auriques mais sa vergue n’est que très peu inclinée. Elle est apiquée à tel point qu’elle semble être une continuité du mât.

La voile au tiers (voile à bourcet) de forme quadrangulaire est appelée ainsi car sa vergue est hissée au tiers du mât. D’une manière générale, la vergue est fixée sur un rocambeau servant à un « léger » contrôle lorsque la voile est envoyée et affalée.

La voile latine (régions méditerranéennes) est une voie triangulaire enverguée sur une vergue nommée antenne. Sur un bateau, cette catégorie de voiles regroupe le foc, le grand-foc hissé à la tête du petit mât de hunier et le foc d’Artimon, installé entre le mât d’artimon et le grand-mât. Sur un vaisseau, l’antenne (vergue) est formée de plusieurs pièces s’emboîtant les unes dans les autres par des bouts amincis. Elle est positionnée à l’oblique et le point de drisse est situé au 2/5 de sa longueur.

La voile à livarde n’est pas enverguée. Comme la voile aurique, elle est lacée d’un côté au mât, la vergue d’une livarde (balestron) étant la pièce de bois qui soutient l’angle supérieur dans la diagonale de la voile.

La voile à « trait carré » est de forme carrée ou rectangulaire. La vergue de cette voile est perpendiculaire et soutenue par le mât en son milieu. La majorité des anciens vaisseaux de guerre et de commerce étaient gréés en voiles carrées.

La voile « de flèche » est établie sur une vergue permettant d’augmenter sa surface.

La vergue dans les manœuvres du navire !

Sur un navire, la vergue interagit avec les espars. Ainsi, la drisse sert à hisser ou affaler une vergue et sa voile, le bras dirige la voile carrée par action sur la vergue, la cargue sert à rassembler la voile contre la vergue, etc.

Dans chaque manœuvre d’un voilier, la vergue joue un rôle de premier plan :

    • Hisser une voile
      Si la voile est « claire » et une fois la drisse frappée sur la vergue au collier de rocambeau, un équipier tire sur la drisse pour hisser la voile et la vergue.
      Note, hisser « à bloc », une voile ou une vergue, c’est la hisser au plus haut du mât, en étarquantla drisse.
    • Ferler une voile
      Après avoir cargué la voile à l’aide du cordage qui l’entoure (ralingue) et de la poulie installée sur la vergue, la voile est repliée autour de la vergue en se servant des bosses de ris (ou des garcettes).
    • Apiquer une voile aurique
      La drisse de pic aide à hisser l’extrémité de la vergue la plus distante du mât, de manière à apiquer parfaitement la voile aurique.
    • Gambeyer (ou gambiller)
      Cette manœuvre fait passer la vergue d’un côté à l’autre du mât afin d’établir la voile sous le vent du mât.
      Note, cette manœuvre n’est utilisée que pour les voiles qui montrent une grande surface devant le mât : voile latine ou voile au tiers.
    • Transfiler
      A l’aide d’un bout de ligne, cette manœuvre sert à solidariser une voile et sa vergue. Le laçage de la vergue à la voile passe récursivement dans les œillets de cette dernière et autour de la vergue.
    • Prendre des ris
      Le ris permet de diminuer la surface des voiles exposées au vent. Sur une voile latine ou sur une voile carrée, le ris se prend sur la vergue (côté haut de la voile) et la vergue est abaissée de la hauteur du ris, alors que sur certains gréements bermudiens, le ris se prend de manière verticale, le long du mât. Sur la majorité des autres types de voiles, le ris est sur le côté de la bordure de la voile.

Note, afin que la voile ne soit pas trop raide, on utilise un palanquin, sorte de petit palan de bout de vergue servant à relever le bas de la voile lors de la prise de ris.

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