Naviguer, c’est prendre du plaisir à se déplacer en bateau sur l’eau mais c’est également connaître quelques manœuvres indispensables. Les navigateurs apprennent au fur et à mesure de leurs navigations mais avant cela, une formation peut être nécessaire : apprendre à tenir un cap sans dévier de sa route, suivre une direction définie dans le plan de navigation (compas), appréhender le vent et l’axe du vent pour se diriger avec ou contre, etc. De plus, il faut connaître l’accastillage (équipement du pont) de son navire et l’utilité du gréement (manœuvres des voiles) : mât, écoute, drisse, chariot, bout, etc. En bref, cela revient à prendre la mer sans mettre en danger ni les bateaux, ni l’équipage et les personnes à bord. On pourrait effectivement penser que, grâce aux voiles et au vent, les voiliers se déplacent sans autres efforts mais c’est très restrictif. Le voilier se déplace aisément dans le sens du vent mais il peut également naviguer contre le vent et pour cela il faut louvoyer.

Louvoyer, définition

Lorsque le vent gonfle les voiles, celles-ci font avancer le bateau qui navigue alors à une allure de près, le vent formant un angle entre 30 et 40° pour le « près serré » et entre 45 et 60° pour le « près bon plein ». Ces valeurs dépendant de facteurs tels que le type de voile et la vitesse du vent. Il arrive pourtant que les voiles ne soient plus gonflées par le vent, elles battent alors de droite à gauche et ne sont plus propulsives : elles faseyent, le vent vient alors de l’arrière ; le bateau est dans « le lit du vent ». C’est pour répondre à la question « Comment sortir le bateau de cette zone ? » que le terme « louvoyer » trouve sa définition. Louvoyer, c’est effectuer des virements de bord pour se rendre d’un point à un autre et remonter le vent ou plus simplement, louvoyer, c’est effectuer une série de zigzags pour contrer la force du vent et atteindre le point que l’on s’est fixé. Rappel : Virer de bord ou tirer des bords, c’est modifier le côté du voilier qui reçoit le vent, ce qui revient à passer les voiles d’un côté à l’autre du bateau. Note : Le terme qui permet au bateau de virer par vent arrière est « empannage » (ou virement lof pour lof).

A quel moment faut-il louvoyer?

Un voilier qui va vers le vent navigue à une allure de près. Les voiles peuvent être sur la droite du bateau, et dans ce cas, le vent vient sur la gauche (bâbord amure) et si le vent vient sur la droite du voilier, les voiles sont à gauche (tribord amure). Le voilier se retrouve alternativement dans un cas puis dans l’autre, subissant alors un vent de travers plutôt qu’un vent de face. Le but pour le barreur est de donner le signal du virement de bord au bon moment. Les navigateurs en course, qui ont besoin d’optimiser toutes les manœuvres à bord, doivent avoir quelques astuces pour tenter de gagner du temps sans prendre de risques. Ainsi, en admettant qu’il existe un angle de 90° entre chaque bord et des trajectoires à 45° du vent, le barreur prévient l’équipage du virement de bord lorsqu’il aperçoit le point à atteindre par-dessus son épaule arrière,. Note : Un barreur qui démarre le virement de bord trop tôt, oblige l’équipage à tirer deux bords de près supplémentaires. Un vieux dicton français résume le caractère pénible que prend le comportement du bateau lorsqu’il navigue « au près » : « le près c’est deux fois la distance, trois fois le temps…., et quatre fois la rogne ».

Comment faire pour louvoyer?

La manœuvre pour louvoyer ou tirer un bord s’effectue en quelques étapes.

  • Rapprocher le voilier le plus près du vent soit à 45°, le voilier navigue « au plus près » Les voiles sont pratiquement bordées dans l’axe du bateau afin que le vent ait un écoulement laminaire. Le maximum de la poussée est alors perpendiculaire à l’axe du bateau, ce qui le fait gîter. C’est dans ce cas que les équipiers se mettent au rappel, particulièrement sur un dériveur de sport.
  • Préparer le virement de bord L’équipier qui doit larguer l’écoute sous le vent de la voile d’avant est prêt, les autres, chargés de border la voile d’avant sous la nouvelle amure se mettent en position au vent et embarquent le bout libre de leur écoute.
  • Déclencher le virement de bord Le barreur (skipper) lance l’ordre « paré à virer » et déclenche le virement de bord en annonçant « envoyez ».
  • Effectuer le virement de bord (tirer un bord) Le barreur fait « loffer « le voilier et la voile d’avant se dévente petit à petit. L’équipier largue l’écoute au vent (juste au bon moment) et les autres équipiers commencent à embarquer l’écoute sur l’autre amure. Sur les voiliers les plus imposants, l’écoute est enroulée sur le winch d’écoute, utilisé d’abord avec un seul tour. Ensuite, lorsque l’écoule se durcit sous la traction de la voile, 3 ou 4 tours de manivelle sont passés tandis que le barreur vire progressivement.
  • Reprendre sa route après avoir tiré un bord Une fois le louvoyage terminé, le bateau a perdu de la vitesse et le barreur doit fréquemment abattre au-delà du cap (45° du vent). Dès que le voilier reprend de la vitesse, le barreur se remet au près afin, si nécessaire, de recommencer la manœuvre et tirer un bord dans l’autre direction, ce sont les zigzags qui se forment.

Louvoyer comme les pros ?

Pour la petite histoire, c’est en août 2016 que l’équipage du SoftBank Team Japan réalise pour une première fois, un virement de bord en restant sur ses foils. L’América’s Cup et les grandes courses sur l’eau, poussent les navigateurs à s’impliquer totalement en tentant des manœuvres jamais réalisées.

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